jeudi 21 janvier 2016

DAVOS

Il n'y a pas de gouvernance mondiale, mais il y a Davos. Tout le monde y vient. Pour la France : Valls, Macron, Fabius et même la Hidalgo pour la chasse au mécène. Et les 62 individus qui possèdent autant de richesses que la moitié pauvre de la planète, soit 3,6 milliards d'êtres humains, y seront tout au moins représentés par leurs hommes d'affaires, avocats et attachés de presse.

Y a-t-il un écrivain, de la trempe du Thomas Mann de la Montagne Magique, pour décrire ce qui se passe dans les entrailles de Davos, du pouvoir économique mondial ? - « En bas », comme il est souvent dit dans le roman, c'est, ce sera la guerre. - « En haut », dans le sanatorium – ou est-ce un satanarium ? - on vit à l'écart du monde, on en devise et on le domine !

Y a-t-il un cinéaste de l'envergure du Robert Altman de Gosford Park, ou des Frères Coen de The Hudsucker Proxy, pour présenter les rouages du vrai pouvoir afin que les gens se rendent compte une bonne fois ? Au lieu de croire les sornettes qu'on leur raconte en omettant soigneusement que les riches de plus en plus riches dominent les pauvres de plus en plus pauvres : ceux qui font tourner la roue et la boutique, qui courbent l'échine et payent la dime, tous ceux qui n'ont pas le choix, 3,6 milliards d'êtres humains et bien davantage, dans le quart-monde ici en Europe ou là-bas, aux USA et en Russie.

Pour que cessent enfin le mensonge et les boniments, la désinformation et les idéologies.

Le Monde écrit (ce 20 janvier 2016) :

C’est une fondation à but non lucratif qui est à l’origine du Forum économique mondial, dont elle porte le nom (« World Economic Forum » en anglais, WEF). Fondée en 1971 par un économiste allemand, Klaus M. Schwab – qui préside encore l’organisation –, elle est financée par le millier de grandes entreprises qui en sont membres. On trouve parmi elles, pêle-mêle, ArcelorMittal, Google, Facebook, les français Total, Publicis, Sanofi, Engie, Veolia.
[…]
Le but du Forum, depuis sa première édition en 1971, a longtemps été de promouvoir un modèle de management européen – il s’appelait d’ailleurs « European Management Forum » jusqu’en 1987, date à laquelle il est devenu le « Forum économique mondial ».
[…]
Le Forum de Davos a mauvaise réputation. Il est perçu comme la réunion des puissants et riches capitalistes – ce qu’il est en grande partie – réunis pour la défense d’un modèle qui les avantage. « Tous les acteurs de la compétition des temps modernes s’y retrouvent pour professer une même foi en un libéralisme de bon aloi : une louche de commerce international débridé et quelques cuillères à soupe de règles du jeu et d’éthique », écrivait Bernard Esambert, ingénieur et financier français, dans Une vie d’influence (Flammarion).

lundi 18 janvier 2016

Message aux nouveaux bien-pensants...

Oui, à présent, c'est vous qui pensez "bien", puisque vous incarnez la nouvelle majorité, puisque la "gauche" a trahi le "peuple", puisque la paix sociale est rompue...


Savez-vous que la "novlangue" est également pratiquée par les tenants du pouvoir économique, qui nous parlent d' "optimisation", de "restructuration", de "flexibilité" ... ?


Mais vous qui vous préoccupez d'identité française et des méfaits de la "migration" en laissant systématiquement de côté les problèmes économiques, savez-vous qu'un nouveau rapport a été publié ? - Selon les calculs de l'OXFAM, 62 individus possédaient en 2015 autant de richesses que les 3,6 milliards de personnes les plus pauvres (soit la moitié de la planète). Alors une simple question aux maîtres-penseurs d'aujourd'hui, aux Zemmour, aux Polony : Pensez-vous que ces 62 individus n'aient aucun pouvoir ? Pensez-vous qu'ils n'ont aucune influence sur la politique sociale d'un pays comme la France ... ?


Oui, quand ils vous entendent causer dans le poste pour promouvoir vos livres, ils se frottent les mains : Vous avez trouvé des responsables pour la misère du "peuple", vous qui vivez grassement des droits d'auteur sur vos productions de demi-savants médiatiques. Or, ce ne sont pas vos salades qui comptent ici, c'est ce que vous passez sous silence avec tant de maestria. Vous abrutissez le "peuple" avec vos demi-vérités, qui ne résistent pas à une analyse d'histoire contemporaine un peu sérieuse, avec vos polémiques qui amusent la galerie, tandis que 62 individus font la pluie et le beau temps sur la planète. Vous vous attaquez au gouvernement de "gôche" qui n'a aucune chance contre un pouvoir occulte dont les "devises" franchissent toutes les frontières car elles ne sont édifiées que pour les pauvres gens payés en monnaie de singe ...



Alors pour vous, voici ce rapport en avant-première. Dans la semaine il sera également discuté (et surement traduit) en France. Mais pour en avoir la primeur, il faut lire l'anglais (document en PDF) >
https://www.oxfam.org.au/wp-content/uploads/2016/01/an-economy-for-the-1-percent.pdf


samedi 9 janvier 2016

Chaos de Cologne (3)



Lorsqu'on aborde les exactions de Cologne, il faut savoir qu'il existe une « exception culturelle » en Allemagne : Les feux d'artifice individuels, pétards et fusées, y sont autorisés  pendant la nuit du Nouvel An. - Humour ou sollicitude : certains sont allés jusqu'à préconiser de mettre au parfum les réfugiés qui risqueraient de se croire brusquement revenus au pays.

Les problèmes d'immigration et d'intégration existent depuis longtemps en Europe. Et ceux qui exploitent la misère des pauvres gens – passeurs, bandes organisées, raquetteurs, souteneurs – sont aussi vieux que le monde. À mon sens, Cologne est d'abord le résultat de la conjonction explosive de ces deux facteurs. L'arrivée massive de réfugiés en provenance des zones de guerre et de disette fonctionne ici comme un « catalyseur » dont l'action précipite la réaction. À cela s'ajoutent l'alcool, la marijuana et la fête débridée comme le veut la coutume dans la capitale allemande du carnaval.

Il faut également préciser que la gare centrale de Cologne, le parvis de l'imposante cathédrale gothique et la zone piétonne, qui se trouvent à proximité, sont depuis belle lurette le terrain de jeu de la petite criminalité : voleurs, dealers, arnaqueurs en tous genres, pour qui les touristes allemands ou étrangers, présents nuit et jour, représentent une proie  idéale.

Ces différents paramètres – les uns plus importants, les autres plus anecdotiques – forment le terreau sur lequel les poussées de violence ont émergé à Cologne. L'une des nouveautés – extrêmement inquiétante – est que cette violence frénétique cible principalement les femmes et qu'elle est exercée massivement par de jeunes hommes célibataires, frustrés, désœuvrés, originaires de pays où le statut de la femme est – de notre point de vue occidental – pour le moins critiquable, s'il ne doit pas tout simplement être considéré comme arriéré ou archaïque.

L'autre  nouveauté touche à la concertation des auteurs, qui ne semble pas faire de doute, vu l'envergure et la simultanéité des exactions dans plusieurs grandes villes d'Allemagne, notamment aussi dans le quartier chaud de la Reeperbahn à Hambourg.

L'enquête toujours en cours confirmera peut-être que derrière cette apparente « dynamique de groupe » qui a semé le chaos à Cologne et ailleurs, certaines éminences grises tirent les ficelles. Deux types de marionnettistes sont en tête de gondole. Les uns appartiennent à la criminalité organisée qui, avec cette « action », pourrait tester la puissance de son réseau et l'efficacité des marionnettes. Selon une information donnée ici même, le bureau du procureur de Cologne enquête en partie dans ce sens. La motivation des autres manipulateurs est clairement politique et vise de toute évidence à déstabiliser un peu plus nos sociétés dites « ouvertes ».

Dés lors, on doit sérieusement envisager une hypothèse qui n'a rien de rassurant, car les effets des exactions de Cologne sont les mêmes que ceux des attentats du 13 novembre 2015 à Paris : dans les deux cas, les instigateurs – déclarés à Paris, dans l'ombre à Cologne – mandatent des hommes de main pour semer la panique et la terreur parmi la population ; les moyens utilisés sont certes radicalement différents – des armes de guerre à Paris, de pétards dans la foule et des agressions sexuelles à Cologne mais les situations « festives » dans lesquelles ces opérations sont menées salle de concert, terrasses de café à Paris, fête du nouvel an à Cologne – se ressemblent étrangement.

vendredi 8 janvier 2016

Chaos de Cologne (2)

 [Lien sur  la première partie]

Quelques échos médiatiques d'Allemagne
(traduits en français par SK, ce 8 janvier 2016) 


Après le limogeage prévisible du préfet de police Wolfgang Albers par le ministre de l'Intérieur de Rhénanie-du-Nord-Westphalie (NRW), la station régionale de radio-télévision publique WDR (sise à Cologne) publie les informations suivantes sur son site  :

Le ministère de l'Intérieur [de NRW] a confirmé ce vendredi (8 janvier 2016) que parmi les suspects identifiés à ce jour, il y avait également des réfugiés. Selon les informations de la WDR, la police fédérale repéra dans la nuit de la Saint-Sylvestre 32 suspects à la gare centrale, dont 29 étrangers : à côté de trois Allemands, neuf Algériens, huit Marocains, quatre Syriens, cinq Iraniens, un Irakien, un Serbe et un US-Américain ont été identifiés. Parmi ces suspects, 22 personnes en tout seraient des demandeurs d’asile. - Cela coïncide avec les dépositions de témoins, de victimes et de fonctionnaires de police, selon lesquels il s'agirait « en majorité de personnes d'origine nord-africaine ou arabe, âgées entre env. 15 et 35 ans » (rapport de la police de Cologne du 02/01/2016). Selon ses propres déclarations (état : 08/01/2016), la police de Cologne mène actuellement des investigations à l'encontre de 21 suspects au total, dont beaucoup ont certes été identifiés mais ne se trouvent pas actuellement en garde à vue.

À la question sur le nombre d'auteurs impliqués dans les exactions (agressions sexuelles, vols), la WDR répond ceci (loc.cit.) :

Nous ne le savons pas. Selon les rapports de la police de Cologne, plus de 1000 hommes se sont rassemblés sur le parvis de la gare centrale le soir de la Saint-Sylvestre – mais tous n'ont pas agressé sexuellement et volé des femmes. Actuellement, les fonctionnaires étudient les documents vidéo disponibles et exploitent les rapports existants. Selon les déclarations de la police, la plupart des hommes mis en cause sont clairement reconnaissables sur les images et les vidéos enregistrées. - Entre-temps, plus de 170 plaintes ont été déposées (état : 08/01/2016). Environ trois quarts de ces plaintes se rapportent à des agressions sexuelles. Dans 50 de ces cas, les femmes ont en outre été dépouillées. Dans deux cas, les fonctionnaires enquêtent sur des faits de viol.

Une autre question se pose, à savoir si l'on peut parler de « crime organisé » (loc.cit.) :

Le bureau du procureur de Cologne part de ce principe. Le département pour la criminalité organisée y a pris en charge l'enquête, car une entente entre les auteurs en vue d'une action en commun n'est pas exclue. Selon les informations de la WDR, la police enquête depuis un certain temps sur des bandes organisées dont les membres seraient en majorité originaires du Maroc, de Tunisie et d'Algérie. Ils profiteraient également de la situation actuelle des réfugiés : selon ces informations, ils se rendent d'abord à Istanbul pour ensuite regagner l'Allemagne par la route des Balkans comme soi-disant réfugiés.

jeudi 7 janvier 2016

Chaos de Cologne (1)

Alors que l'enquête sur les exactions commises autour de la gare centrale et la cathédrale de Cologne en cette nuit du Nouvel An 2016 est loin d'être terminée et que l'identité des auteurs qui ont agi en bande organisée – et dont l'un des objectifs était le vol à la tire – reste à établir avec certitude, les journaux ont déjà tout compris. Pour la presse trash comme Bild, qui se base sur le rapport plus ou moins confidentiel (« exclusif ») d'un policier en service cette nuit-là, les choses sont claires : les migrants étaient présents en masse sur les lieux, ce qui corrobore ipso facto la thèse selon laquelle l'afflux de réfugiés en Allemagne – autour d'un million de personnes, dont quelque 450.000 demandes d'asile selon l'Office Fédéral pour la Migration et les Réfugiés (« BAMF », cf. le rapport en PDF) – génère un chaos sans nom et menace la société allemande.

Plus inquiétant : cette thèse, qui connaît une résonance internationale, est implicitement relayée par des publications plus sérieuses comme le Wall Street Journal qui titre : «  Des rapports sur les agressions sexuelles du Nouvel An s'invitent au débat allemand sur la crise des migrants. ». Comme le fait remarquer le Süddeutsche Zeitung dans sa revue de presse, le New York Times fait également le rapprochement entre les migrants et les événements de Cologne : « En Allemagne, des attaques sur les femmes font monter la pression autour des migrants ».

Moins surprenant : les posts haineux sur internet, comme par exemple sur la page Facebook de « Nett-Werk Köln » que l'administrateur a dû fermer provisoirement. Il motive sa décision comme ceci :

 Le réseau ressemble actuellement à une scène de guerre faite de violences verbales, d'accusations réciproques, d'appels au lynchage, d'insultes, de dénigrement et de racisme. - Les discussions réalistes et constructives sont apparemment impossibles. En provenance de tous les médias, chaque bribe en rapport avec le sujet est reprise sans aucune critique et plaquée sur le mur...  [> texte allemand]

L'un des problèmes – voire des mystères – de cette affaire est le compte-rendu tardif des événements par la presse mais aussi par les services de police, qui avaient publié un rapport plutôt décontracté le 1er janvier dernier, du style : « tout s'est bien passé, rien de particulier à signaler ». Étonnant aussi, le dépôt tardif de certaines plaintes, notamment celle du second viol, qui n'a été mentionnée que ce mercredi (6 janvier 2016) par le préfet de police Albers en personne.

Deux événements sont souvent oubliés dans la frénésie actuelle : l'un s'est passé fin octobre 2014 dans cette même ville de Cologne, où la police se fit déborder par la manifestation d'extrême-droite « hooligans contre salafistes », ce qui a fait grand bruit dans le pays : les forces de l'ordre s'étaient montrés tout aussi impuissants face aux casseurs de 2014 qu'ils ne l'ont été face aux agresseurs du Nouvel An 2016. À cela s'ajoute la dissolution d'une unité d'intervention spéciale (« SEK ») en juin 2015 pour des actes de bizutage violents. D'autres fantaisies plus anecdotiques comme l'utilisation « festive » d'un hélicoptère de la police ont également été rapportées. Après les événements récents, le poste du préfet Albers ne tient donc plus qu'à un fil. Auquel il s'accroche de toutes ses forces.

L'autre événement est prévu à partir du 4 février prochain : c'est le carnaval de Cologne, l'un des plus prisés après ceux de Rio et de Venise. Quand on considère les mouvements de masse et les « rapprochements » entre inconnus, les foules en liesse et les beuveries, les délires et les déguisements qui permettent de garder un anonymat relatif, on voit mal comment les jeunes filles pourront suivre le conseil de la mairesse de Cologne donné lors d'une conférence de presse après les attaques. À la question d'une journaliste demandant comment les femmes pouvaient mieux se protéger, Henriette Reker a répondu ceci :

Il y a toujours la possibilité de conserver une certaine distance, supérieure à une longueur de bras. Donc, de votre propre initiative, ne cherchez pas une proximité excessive avec des gens qui vous sont étrangers, avec qui vous n'entretenez pas un rapport de confiance.

Il est entendu que ce conseil de « bonne conduite » adressé aux femmes était déplacé puisqu'il s'agissait plutôt de promouvoir le code méditerranéen du « On regarde mais on ne touche pas » auprès des hommes concernés.

Mais la campagne haineuse (« shitstorm ») qui s'est ensuite déchaînée à son encontre sur les réseaux passe sous silence d'une part la question de la journaliste à laquelle la mairesse a essayé de répondre dans une situation de pression importante et de l'autre, surtout, que cette femme a elle-même subi une grave attaque au couteau juste avant son élection à la mairie en octobre 2015. Il s'agissait sans doute d'un acte xénophobe, puisqu'elle s'était engagée pour l'intégration des migrants au cours de sa campagne électorale. D'ailleurs le geste de la main avec lequel elle accompagne son fameux « Armlänge » (longueur de bras), qui aura fait chauffer à blanc les réseaux, est hautement significatif en regard de ce contexte sciemment biffé par les commentateurs.