23 mai
Au Qatar - pays organisateur du Mondial 2022 et patrie de la chaîne info Al Jazeera - les dirigeants l'ont bien compris : En Occident, on parle beaucoup, mais on ne fait pas grand-chose. Ainsi, en regard des conditions inhumaines voire "assassines" dans lesquelles les infrastructures de cette coupe du monde sont actuellement construites, aucune action de protestation d'envergure, pérenne et "visible" dans les pays européens, mais aussi africains et sud-américains, où le foot a une si grande importance, n'a émergé pour l'instant. Et l'affaire de l'attribution douteuse, le 2 décembre 2010, de la phase finale 2022 à ce pays sans aucune tradition "footballistique" où il fait plus de 40°C en juillet - de sorte que ce Mondial devrait avoir lieu en hiver ! - n'a toujours pas été clarifiée et ne le sera sans doute jamais. Il faut dire qu'avec les sommes faramineuses en jeu, on en a suffisamment sous le coude pour graisser toutes les pattes réelles, possibles et imaginables. De plus, les joueurs et entraîneurs professionnels les plus en vue chez les fans qui pourraient appeler à un boycott efficace sont tellement bien intégrés dans le système grâce à leurs salaires mirobolants qu'ils ne vont certainement pas mordre la main qui les nourrit.
Il serait trop long d'entrer ici dans le détail de l'économie qatarie basée sur ses formidables réserves de gaz naturel et de pétrole. Ou de s'étendre sur le régime patriarcal, ultra-religieux et quasi-dictatorial qui caractérise ce petit pays. Sans parler des conditions de travail proches de l'esclavagisme qui y frappe la main d’œuvre étrangère, et notamment le personnel domestique. - Mais, en matière de football, il faut tout de même relever le rachat du PSG, emblématique club parisien, par le Qatar Investment Authority (QIA), fonds d'investissement souverain du Qatar, présidé par l'actuel chef d'État, l'émir Tamim bin Hamad al-Thani. Wikipédia dresse une liste des investissements du QIA [je souligne] :
- Le QIA contrôle un peu plus de 6 % du capital d'EADS, 10,1 % des actions du London Stock Exchange et 17 % de Volkswagen.
- Il est actionnaire du Groupe Lagardère à hauteur de 12,83 %.
- Le 31 mai 2011, QIA a acheté 70 % du capital du club de football Paris Saint-Germain au groupe américain Colony Capital (qui en détenait alors 95,8 %). Le 6 mars 2012, il lui a racheté les 30 % restants.
- Le 4 juin 2012, le QIA a acheté 100 % du capital du Paris Handball.
- QIA achète, à Paris, l'Hôtel Lambert, l'Hotel Kinski, l'Hôtel Landolfo-Carcano, l'Hôtel d'Évreux, le Majestic, l'Hôtel Gray d'Albion, l'Hôtel de Coislin, les immeubles du Virgin Megastore (le 5 juin 2012), de HSBC et du Lido (décembre 2012) sur les Champs Elysées, le Royal Monceau et le Peninsula.
- QIA possède également beIN Sports, réseau international qatarien de chaînes de télévision sportives, créé en 2012, exploité par Qatar Sport Investments, filiale du groupe qatarien Al Jazeera.
- Il est actionnaire du Groupe Lagardère à hauteur de 12,83 %.
- Le 31 mai 2011, QIA a acheté 70 % du capital du club de football Paris Saint-Germain au groupe américain Colony Capital (qui en détenait alors 95,8 %). Le 6 mars 2012, il lui a racheté les 30 % restants.
- Le 4 juin 2012, le QIA a acheté 100 % du capital du Paris Handball.
- QIA achète, à Paris, l'Hôtel Lambert, l'Hotel Kinski, l'Hôtel Landolfo-Carcano, l'Hôtel d'Évreux, le Majestic, l'Hôtel Gray d'Albion, l'Hôtel de Coislin, les immeubles du Virgin Megastore (le 5 juin 2012), de HSBC et du Lido (décembre 2012) sur les Champs Elysées, le Royal Monceau et le Peninsula.
- QIA possède également beIN Sports, réseau international qatarien de chaînes de télévision sportives, créé en 2012, exploité par Qatar Sport Investments, filiale du groupe qatarien Al Jazeera.
Si la thèse selon laquelle le Qatar aurait "acheté la Coupe du Monde 2022" était validée, la situation des ouvriers qui, à des tarifs défiant toute concurrence, construisent les infrastructures au prix de leur vie ou de leur santé s'en trouverait-elle améliorée ? Mais, étant donnés l'avancement des travaux et les investissements déjà effectués, le Qatar risque-t-il encore d'être privé du Mondial 2022 pour corruption et "trafic d'influence" ? - Si la réponse à ces deux questions est "non", on accrédite du même coup l'affirmation liminaire : En Occident, on parle beaucoup, mais on ne fait pas grand-chose. C'est ce qui explique sans doute aussi l'existence d'une chaîne comme Al Jazeera où règne une certaine liberté de parole à condition, toutefois, de renoncer à toute critique du Qatar, puisque - via Al Jazeera Media Network - la famille régnante est l'heureux propriétaire de la station. - Quant à la surenchère de paroles permettant de désamorcer - "couvrir" - un problème qui persiste, il y a un verbe allemand qui rend compte du phénomène : totreden. Ma définition un peu décalée : on ressasse (reden) un problème "à mort" (tot) jusqu'à l'éliminer - dans le contexte qui nous occupe - du champ médiatique. - Question : Va-t-on tenir la distance sur plus de 7 ans avec un double scandale en embuscade ? Mais si, par miracle, le Mondial était retiré au Qatar, celui-ci pourrait toujours s'exclamer avec cynisme que tous ces ouvriers sont alors vraiment morts pour rien !
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NOTE
Le titre de la note fait allusion aux "planches qui symbolisent le monde" (la scène de théâtre) évoquées par le dramaturge Friedrich Schiller dans son poème "An die Freunde" (Aux amis, 1803)
(*) Le Soir (27 mai) mentionne ces neuf personnalités poursuivies par le département américain de la Justice, dont sept viennent d'être arrêtées en Suisse :
– Jeffrey Webb (îles Caïmans), vice-président et président de la Concacaf
– Eugenio Figueredo (Uruguay), vice-président, ancien président de la Conmebol et président de la fédération urugayenne
– Jack Warner (Trinidad et Tobago), ancien vice-président de la Fifa, président de la Concacaf et déjà impliqué dans des dossiers de corruption en 2011
– Eduardo Li (Costa Rica), président de la fédération costa-ricienne de football
– Julio Rocha (Nicaragua), officiel de développement
– Costas Takkas (Royaume-Uni), membre de la Concacaf
– Rafael Esquivel (Venézuela), membre du comité exécutif
– José Maria Marin (Brésil), ancien président de la fédération brésilienne
– Nicolás Leoz (Paraguay), président de la Commebol, qui avait annoncé sa démission de la Fifa y a deux ans pour avoir été mêlé à des affaires de corruption dans le passé.
– Eugenio Figueredo (Uruguay), vice-président, ancien président de la Conmebol et président de la fédération urugayenne
– Jack Warner (Trinidad et Tobago), ancien vice-président de la Fifa, président de la Concacaf et déjà impliqué dans des dossiers de corruption en 2011
– Eduardo Li (Costa Rica), président de la fédération costa-ricienne de football
– Julio Rocha (Nicaragua), officiel de développement
– Costas Takkas (Royaume-Uni), membre de la Concacaf
– Rafael Esquivel (Venézuela), membre du comité exécutif
– José Maria Marin (Brésil), ancien président de la fédération brésilienne
– Nicolás Leoz (Paraguay), président de la Commebol, qui avait annoncé sa démission de la Fifa y a deux ans pour avoir été mêlé à des affaires de corruption dans le passé.
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DOCUMENT
Le reportage de Sylvain Pak
"Qatar, les dieux du foot sont tombés sur la tête"
De toute façon, le résultat est sans appel.
En tant que sport le plus populaire, le foot est forcément le plus atteint, le régime mafieux de la FIFA étant de notoriété publique depuis des lustres (voir notamment cet article datant de 2010 http://www.monde-diplomatique.fr/2010/06/GARCIA/19214 ). L'initiative étasunienne vient de leur grief d'avoir vu leur candidature à la coupe du monde évincée, et aussi celle de Moscou acceptée, car évidemment ce n'est pas par désintéressement vertueux. Ceci étant, comment juridiquement le DoJ a-t-il pu faire arrêter en Suisse des ressortissants non étasuniens? mystère à mes yeux.
La question du rétrocolonialisme financier est d'une autre nature. J'ai souri au nom de l'organisme d'investissement US qui détenait auparavant le PSG: Colony Capital; les "fonds souverains" des pétromonarques (bien nommés en l’occurrence puisque c'est ici la cassette du souverain) utilisent pour l'instant des désignations plus neutres.
Cela n'excuse en rien la tiédeur de réaction des européens.