dimanche 29 septembre 2013

Remplissage

La Nature a horreur du vide, comme le veut l'adage bien connu.

Prenez un espace de libre expression comme celui-ci.

Appliquez la formule en substituant au mot Nature le mot Communication (Parole, Toile, Télévision).

Et vous avez le problème du remplissage, de l'occupation de l'espace par une parole vide, une communication pour la communication qui ne dit plus rien d'autre que : J'occupe le terrain ! Je suis visible !

Objection possible : la question de la légitimité d'un tel transfert de concepts. J'avais dans une note précédente transféré le concept thermodynamique d'entropie au champ des sciences de l'information. J'ai vu à cette occasion qu'on ne m'avait pas attendu. D'ailleurs, Edgar Morin est un précurseur en la matière avec sa définition de l'Homme comme néguentrope.


La question est donc celle-ci : peut-on appliquer un adage qui décrit plutôt bien un procédé de la Nature, et surtout de la Vie, à savoir la tendance à remplir des espaces inoccupés, au champ civilisationnel de la communication, et donc aux différents usages de la parole ?

Si tel est le cas, le remplissage deviendrait un phénomène compulsif touchant à la "nature humaine", qui se retrouverait d'ailleurs, tel un effet miroir, dans un autre champ : celui de l'occupation de territoires, sous la forme du "territorialisme" de l'être humain.

mardi 24 septembre 2013

Bundestag 2013 (3) | L'amer triomphe

A l'heure où j’écris (24/9), le problème (déjà signalé) reste entier :

Le parti qui soutient Mme Merkel au Bundestag - la fraction CDU/CSU - est minoritaire, à quelques sièges près certes, mais cela ne change rien à la galère !

En revanche, la coalition rouge-rouge-verte - SPD/Les Verts/Die Linke - est majoritaire même si une telle alliance semble difficile voire impossible à mettre en oeuvre.

Pourtant le chef du SPD - Sigmar Gabriel - vient de la mettre sur la table des négociations comme une solution de repli.

Ce serait d'ailleurs la seule façon de faire élire un chancelier SPD pour la législature qui s'annonce. Et ça, Mme Merkel en est parfaitement consciente, comme elle sait qu'un accord rouge-rouge-vert peut être trouvé ultérieurement, n'importe quand, ce qui entraînerait sa destitution immédiate. Sa position est donc bien plus fragile que ce qui a été annoncé dans le monde entier avec son triomphe "historique".

Dès lors, quelles options la chancelière sortante a-t-elle pour conserver le pouvoir ?

- Une Grande Coalition CDU/SPD

- Une coalition avec les Verts.

- Un gouvernement minoritaire.


dimanche 22 septembre 2013

Bundestag 2013 (2) | A voté

Premières estimations (ARD) à la fermeture des bureaux de vote (22/9 - 18:00)



A la vue de ces premiers chiffres, la CDU peut obtenir la majorité absolue (300 sièges sur 598 - à 18:00, elle en comptait 297, à 19:00 on parle déjà de 302 sièges). Son partenaire de coalition libéral (FDP) risque de ne pas entrer au parlement (moins de 5%).




Et voilà des estimations déjà plus précises données vers 21:00. Les libéraux du FDP risquent fort d'être exclus du Bundestag. On note également que "L'Alternative pour l'Allemagne" (AfD) - ce nouveau parti qui prône la sortie de l'euro - connaît un franc succès, sans pour autant dépasser la barre des 5%, condition sine qua non pour siéger au parlement. Quant à la CDU de Mme Merkel, elle totaliserait actuellement 298 sièges sur les 300 nécessaires pour disposer de la majorité absolue.


mardi 17 septembre 2013

Bundestag 2013 (1) | Comme un malaise ?

Une question d'actualité s'impose : s'il n'y a eu quasiment aucun débat électoral in Deutschland, que dit-on en France de cette élection du Bundestag, dimanche prochain ? Tout le monde avance certes des clichés sur l'Allemagne de Merkel et l'on ne manque pas, unanimement, de prédire sa réélection, mais peu de gens sont informés sur la vie réelle dans le pays, même la plupart des correspondants sur place font le minimum syndical : lire la presse et aller dans les endroits réputés branchés pour se faire une opinion. C'est comme ça qu'on formate celle des autres. Àux élections régionales de Bavière de ce dimanche, la CSU de Horst Seehofer, allié de la CDU de Mme Merkel, vient de remporter la majorité absolue des sièges au Landtag avec 47,7% des suffrages. On annonce cela comme une grande victoire et une preuve supplémentaire du succès attendu dimanche prochain. Or, la CSU a baissé par rapport à 2008 et elle est loin des 60% atteints naguère. D'ailleurs on oublie un peu vite les succès de la coalition SPD/Les Verts dans d'autres élections régionales récentes. Et avec quelque 3%, la FDP, partenaire libéral de la CDU/CSU au niveau national, n'a même pas réussi à entrer au parlement de Bavière.



Ceci étant, la récente interview du candidat SPD par le quotidien centre-gauche Süddeutsche Zeitung a contribué à discréditer un peu plus Peer Steinbrück, qui n'avait pas besoin de ça dans l'univers impitoyable de la personnalisation politique au détriment des idées et des programmes. Il s'agissait d'une interview ("Ne dites rien, maintenant") où l'on ne pouvait répondre que par gestes. La question était : "Peer les Pannes, Peer les Problèmes, Peerlusconi - question sobriquets sympas, vous n'avez pas de soucis à vous faire, non?". - Et la réponse de l'interviewé (ci-dessous) de s'étaler illico à la Une du journal avec le succès que l'on sait :


lundi 16 septembre 2013

Aux fascistes larvés

Les fascistes, il y en a de tous bords, dans toutes les directions du vent : ce sont souvent des gens sympathiques, des gens ordinaires, des gens bien de chez nous.


- Mais nous, c'est qui ? Chez nous c'est où ?


C'est un petit bonhomme avec une méchante valise qui pose la question. Ses traits sont tirés, son costume défraîchi. Puis, d'un étui antique, il sort un violon et commence à jouer...


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Qu'est-ce qu'un fasciste ? - L'Europe en a connu de toutes sortes : des petits, des grands, des jeunes, des vieux, des travailleurs, des oisifs, des riches, des pauvres. Il y en a eu dans tous les pays d'Europe, parfois un peu moins, parfois beaucoup plus.


- Mais dis, Monsieur, c'est quoi, un fasciste ?


C'est l'enfant qui insiste puisqu'il ne comprend pas ce mot.


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Un fasciste, c'est un homme bien rangé, même si la réciproque n'est pas obligatoirement vraie. Il éduque ses enfants dans la foi et la morale, sa femme est toujours de son avis, il respecte l'autorité et la voie hiérarchique. Un fasciste passe beaucoup de temps dans les bureaux où il veille à ce que tout soit normal, à ce que rien ne sorte de l'ordinaire. Il veut que tout soit bien rangé, que chaque chose soit à sa place. Et le soir, il rejoint ses camarades à l'auberge, où une table lui est toujours réservée : il y parle politique, évoque la grandeur de la Nation, fustige ses ennemis, les civilisations inférieures, les apatrides, la vermine. Car, dit-il souvent, la patrie est en danger, et il donnerait surement son sang pour elle, si le devoir ne l'appelait pas à son poste dans l'administration pour veiller à ce que tout soit normal, à ce que rien ne sorte de l'ordinaire. Et puisqu'il faut bien quelqu'un pour tout organiser.


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mercredi 4 septembre 2013

Quelques mots sur la guerre

 "La guerre est la simple poursuite de la politique avec d'autres moyens"
„Der Krieg ist eine bloße Fortsetzung der Politik mit anderen Mitteln“
(Carl von Clausewitz, 1780-1831, in: Vom Kriege - De la guerre)


Je me souviens du 19 janvier 1991. Il faisait froid à Paris, mais ça commençait à chauffer ailleurs. Ce fut le début de l'une des premières guerres retransmises en continu sur une chaîne d'information, dont les images étaient reprises par toutes les télévisions du monde. Je crois même que la création des autres chaînes d'information continue a été largement inspirée par le "succès" de ces images-là [**]
. On offrait ce qu'on appelait du "terrain" à des "couch potatoes", comme disent les Américains. Images embedded garanties night vision !

Quand on parle de la guerre, on parle peu des producteurs d'armes. En revanche, on cause géopolitique, un verre de cognac à la main et un cigare au coin du bec : le champ de bataille et les causeries de salon !