samedi 29 décembre 2012

[Brève] Le feuilleton Steinbrück

Gerhard Schröder et Peer Steinbrück, photo @ dapd / der spiegel


Comme le rapporte le Spiegel, le candidat du SPD à la chancellerie fait encore des siennes : alors que la polémique autour de ses gages de conférencier vient tout juste de se tasser un peu, Peer Steinbrück déclare dans une interview à la Frankfurter Allgemeine (FAZ) que le job qu'il convoite ne paye pas assez. "A peu près tous les directeurs de caisse d'épargne en Rhénanie-du-Nord-Westphalie gagnent plus que la chancelière." - Précision : Angela Merkel gagne actuellement 18.000 €, ce qui n'est tout de même pas rien, si l'on y ajoute les énormes frais de représentation, les nombreux avantages personnels, sans oublier la notoriété mondiale qui se monnaye très bien par la suite...

 Les commentaires de l'article du Spiegel sont éloquents. Extraits (je traduis) : S'il y avait besoin d'une autre preuve que le SPD ne veut pas gagner l'élection, ce serait celle-là. Demander plus d'argent pour les politiciens alors que les revenus réels baissent et que les petits épargnants voient leurs économies fondre, voilà qui montre l'esprit de ces gens (meinmein)... Le poste de chancelier fédéral est avant tout un poste honorifique et n'a pas à être rémunéré comme celui d'un PDG. Je lui conseille de devenir directeur de caisse d'épargne, c'est tout juste à la portée de son talent (mps58)... Steinbrück a-t-il donc l'intention de perdre l'élection délibérément ? Pour être positif, on peut évidemment dire qu'il joue cartes sur table (hador2)... Steinbrück, dans combien de plats tu comptes encore mettre les pieds ??? (ralf wagner)

Et s'ils ne sont pas morts, ils commentent encore...

vendredi 14 décembre 2012

[Aparté] Trève des confiseurs

 Photo : cap2013 / SK

En Allemagne - paradis de la consommation - Noël, c'est ce qu'il y a de plus sacro-saint, de plus intouchable: partout, des arbres de Noël, des pères Noël, des décorations de Noël, des marchés de Noël et surtout des cadeaux de Noël dans les vitrines pleines à craquer : objets plus ou moins inutiles, pacotille ou high tech, chocolats, gâteaux, jouets... jouez !

Un peu comme en France, sans doute. Sauf que - consommation poussée à l'extrême - la mise en scène prend ici des proportions qui par temps de crise confinent au théâtre de l'absurde. Dans la ville de Berlin, où les températures peuvent descendre jusqu'à -20°C (-8°C actuellement, sous la neige), les statistiques officielles recensent 5000 sans-abris pour seulement 500 places en hébergement d'urgence. En mars 2012, 6.222.000 personnes étaient dépendantes des minima sociaux en Allemagne, dont tout de même 1.624.000 enfants (wiki). Si le taux de chômage y est inférieur qu'en France, un certain nombre de personnes non recensées par les statistiques de l'Agence pour l'Emploi gagnent bien moins que le SMIC, qui d'ailleurs n'existe pas outre-Rhin.

Dans cette ambiance festive, on discute d'une nouvelle interdiction du NPD ("Nationaldemokratische Partei Deutschlands"), la précédente ayant échoué en 2003. Fondé en 1964, ce parti défend, comme le Front National en France, les valeurs d'extrême-droite, et il est actuellement présent dans les parlements régionaux des Länder du Mecklembourg-Poméranie-Occidentale et de la Saxe, où il a franchi la barre des 5%, indispensable pour accéder au Landtag.

Selon le Wikipedia allemand (je traduis) : "Le 5 décembre 2012 les ministres de l'Intérieur des Länder se sont prononcé à l'unanimité pour une nouvelle procédure d'interdiction lors d'une rencontre à Rostock-Warnemünde. Un jour plus tard, la conférence des ministres-présidents [à savoir les chefs des Länder, n-d-t] ont suivi, également à l'unanimité, le vote des ministres de l'Intérieur. Le gouvernement fédéral a annoncé qu'il déciderait dans le courant du premier trimestre 2013 s'il allait demander, en accord avec les Länder, une interdiction du NPD, parti d'extrême droite. - Ce projet d'une procédure d'interdiction est en relation avec l'éclaircissement des assassinats perpétrés par l'Untergrund national-socialiste (NSU) [neuf assassinats de personnes d'origine étrangère - huit Turcs et un Grec - entre 2000 et 2006, un attentat à la bombe en 2004, et le meurtre d'une policière en 2007, n-d-t]. Les liens entre le NSU et le NPD ont été débattus dans l'espace public et sont souvent vus comme motif pour entamer une nouvelle procédure d'interdiction du NPD."

Et ce 14 décembre 2012, à Berlin, le parlement des Länder - le Bundesrat - décide avec une majorité significative de demander l'interdiction du NPD auprès du Tribunal constitutionnel d'Allemagne...

Cependant, le titre et le chapeau d'un article de l'hebdomadaire Die Zeit relativisent cette annonce (je traduis) : "Une goutte [d'eau] sur la pierre brune [brûlante]. - Une motion d'interdiction - et vlan, adieu le NPD ? Ce n'est pas si simple. Les néonazis ne siègent pas seulement dans les parlements régionaux et les conseils municipaux, mais comme citoyens dans les associations de parents d'élèves et les bistrots. Le travail pour la culture démocratique a besoin d'un bras plus long que celui qui va jusqu'à Karlsruhe [sc.: le siège du Tribunal constitutionnel fédéral, n-d-t]. La motion d'interdiction ne peut venir qu'en complément."

On se posera certainement des questions sur la nature du lien entre la folie consumériste de Noël et le débat sur l'interdiction du NPD. - Il n'y en a probablement aucun, si ce n'est ce que l'on se plait à nommer "le hasard du calendrier". - Quant à l'attrait bien connu des "laissés pour compte" pour les partis extrémistes, il ne peut que se renforcer devant les vitrines bien garnies des grands magasins et les spots publicitaires qui poussent à l'extrême cette folie consumériste dont les pauvres de ce monde se trouvent radicalement exclus. C'est sans doute dans ces moments où le sentiment d'abandon atteint son paroxysme que, tel un réflexe enfantin, certains se remettent à croire au père Noël...

dimanche 9 décembre 2012

Monsieur 93,5 Pourcent

 Peer Steinbrück
Photo DPA @ Tagesspiegel

Après Madame 98% - Angela Merkel investie comme candidate de la CDU pour 2013 - c'est au tour du challenger social-démocrate d'être plébiscité par les camarades du SPD ce dimanche à Hanovre (Basse-Saxe). De son discours de deux heures - avec les deux chanceliers émérites Helmut Schmidt et Gerhard Schröder au premier rang - il faut retenir que l'ancien ministre des Finances d'Angela Merkel ne sera pas disponible pour une troisième "Grande Coalition" (CDU/SPD - la première ayant eu lieu entre 1966 et 1969, la seconde entre 2005 et 2009). Et le candidat d'insister sur son ambition d'oeuvrer - s'il est élu dans le cadre d'une alliance "rouge-verte" (SPD/Ecologistes) - à davantage de justice sociale, en plaidant notamment pour un salaire minimum (inexistant en Allemagne) et une retraite décente pour tous.

Voilà qui a dû inspirer ce titre de l'hebdomadaire Die Zeit : Enfin un véritable social-démocrate - l'allusion à Gerhard Schröder, grand détricoteur de l'Etat social, n'est que trop évidente...

Et le rédacteur de conclure son compte-rendu de ce congrès dominical qui culmine dans le couronnement du champion : "A quatre heures de l'après-midi tout est fini, des visages satisfaits partout. Le SPD et le candidat se sont convaincus eux-mêmes, alors que ces derniers mois rien n'était moins sûr. A présent, il [ne] manque [que] le reste du pays."

vendredi 7 décembre 2012

Madame 98 Pourcent



Comme titre la Süddeutsche, les 98% de suffrages qui, lors du congrès de la CDU, reconduisent la chancelière à la tête du parti font naître "l'espoir d'une régence éternelle".  Selon le commentaire de Hermann Prantl, cet exercice d'autosatisfaction se berce dans l'illusion d'avoir déjà battu le SPD...

Si les deux fronts se précisent - d'un côté l'alliance "rouge-verte" (SPD/Ecologistes) et de l'autre le pacte "noir-jaune" (CDU/CSU/FDP) actuellement au pouvoir - l'ambiance générale est à une nouvelle "Grande Coalition" pour octobre 2013, c'est-à-dire un dispositif gouvernemental très allemand où droites et gauches se neutralisent...

Cependant, Angela Merkel a un sacré avantage : elle est populaire, sans doute bien davantage que son challenger Peer Steinbrück (SPD) qui continue de traîner sa casserole de conférencier superbement rémunéré. Et si, au pays du "champion du monde de l'export", le travailleur allemand a tout de même du mal à joindre les deux bouts, il le doit en grande partie à la dérégulation du marché du travail, parachevé entre autres par le social-démocrate Gerhard Schröder qui, à l'image de son collègue britannique Tony Blair, n'a pas vraiment mené la politique sociale que l'on attend traditionnellement de la gauche...

Ainsi, les frontières s'effacent, les fronts molissent et, pendant ce temps, le marché et la finance continuent de régenter un monde soi-disant globalisé, tandis que ce qu'il est convenu d'appeler "la démocratie" semble de plus en plus vouée à n'être qu'une agitation de façade ou, au choix, une idéologie pour tromper les gens sur la réalité du pouvoir...

Quelques sondages récents, laissant présager une nouvelle "Grande Coalition" pour 2013
@wikipedia

InstitutDateCDU/CSUSPDB'90/VertsFDPLINKEPIRATENDivers
Emnid02.12.201238 %28 %14 %4 %8 %4 %4 %
twittprognosis28.11.201235 %28,5 %11,5 %5 %9 %6,5 %4,5 %
FG Wahlen28.11.201238 %29 %15 %4 %7 %4 %4 %
Forsa28.11.201237 %26 %16 %4 %8 %4 %5 %
Emnid25.11.201238 %29 %15 %4 %7 %4 %3 %
Infratest 23.11.201239 %29 %15 %4 %6 %4 %3 %
GMS22.11.201237 %26 %16 %4 %8 %4 %5 %
Forsa21.11.201236 %26 %16 %4 %8 %5 %5 %
Allensbach21.11.201237,5 %31,0 %12,5 %4,0 %6,5 %4,0 %4,5 %
Emnid18.11.201239 %28 %13 %4 %7 %5 %4 %
FG Wahlen16.11.201239 %30 %13 %4 %6 %4 %4 %