vendredi 16 décembre 2011

"Récession"

Voici le résumé du compte-rendu publié par l'Insee ce 15 décembre 2011 [ici], qui fait déjà couler beaucoup d'encre et risque d'exercer une forte pression sur la campagne électorale :

Dans la zone euro, la dégradation de la situation économique, perceptible à partir de l’été 2011, s’est confirmée à l’automne. Elle s’est accompagnée de tensions croissantes sur le financement des dettes publiques, notamment en Italie. Ces tensions se sont ensuite étendues au système financier, malgré les interventions récentes des banques centrales pour alimenter le système bancaire en liquidités. 

Ces turbulences devraient affecter à son tour l’économie réelle. Les conditions de financement des entreprises et des ménages commencent en effet à se durcir dans la zone euro. Les anticipations des chefs d’entreprise sont mal orientées, comme l’attestent les dernières enquêtes de conjoncture. La zone euro traverserait ainsi cet hiver un court épisode récessif. Cet épisode récessif serait d’intensité variable selon les pays, plus marqué et plus durable en Espagne et en Italie, où la demande intérieure est très affaiblie, qu’en Allemagne ou en France. 

Ainsi en France, l’activité se contracterait légèrement au quatrième trimestre 2011 (-0,2 %) et au premier trimestre 2012 (-0,1 %) avant de progresser faiblement au deuxième trimestre 2012 (+0,1 %). La demande des entreprises, moteur de la reprise depuis deux ans, finirait par fléchir : face à des perspectives d’activité atones, et au resserrement de leurs conditions de financement, les entreprises réduiraient leurs dépenses d’investissement. Parallèlement, l’emploi reculerait dans les secteurs marchands jusqu’à mi-2012, et le chômage s’inscrirait en hausse à cet horizon. Les ménages, confrontés à la dégradation du marché du travail et à la stagnation de leur pouvoir d’achat, maintiendraient un niveau d’épargne élevé : la consommation ne soutiendrait donc que faiblement la croissance française jusqu’à mi-2012. 

L’affaiblissement de l’activité dans la zone euro n’aurait sur le reste de l’économie mondiale que des effets limités. En effet, la consommation des ménages américains résisterait ; l’activité au Japon serait soutenue par les besoins de la reconstruction ; et les économies émergentes, notamment la Chine, mobiliseraient leurs marges de manœuvre monétaires et budgétaires pour relancer l’activité. Le commerce mondial apporterait donc un soutien, modeste, à l’économie européenne d’ici l’été 2012. 

Cette prévision est affectée d’un degré inhabituel d’incertitude, et est soumise à de nombreux aléas. En particulier, dans un contexte de grande nervosité sur les marchés, les tensions financières dans la zone euro pourraient s’amplifier et venir gripper le système financier mondial. À l’inverse, la mise en œuvre de mesures permettant de restaurer la confiance des agents économiques pourrait entraîner un retournement des anticipations, et provoquer un rebond plus marqué de l’activité dans la zone euro, et donc en France.